Jeanne Added + Léonie Pernet

Be Sensational, son premier album, avait été une claque, tant sa personnalité s'imposait et faisait vibrer ses compos d'une grâce presque dangereuse à force de séduction. Jeanne Added, venue du lyrique et de du jazz, s'y était réinventée en rockeuse naviguant entre post-punk aride et vastes tableaux électroniques à l'ombrageuse beauté. Trois années plus tard, et forte d'une éloquente réputation scénique, elle nous revient avec Mutate, premier single d'un album à venir – et le charme, puissant, capiteux, de la Rémoise, d'agir de plus belle : morceau intensément électronique, incandescent, vibrant d'un lyrisme contenu (et d'autant plus jouissif), Mutate laisse entrevoir les fabuleuses potentialités d'une musicienne qui envoûte encore plus qu'elle ne séduit, et creuse un sillon, fertile et insolite, dans le champ pourtant ouvert de la pop.

En septembre prochain, Léonie Pernet sortira enfin Crave, son premier album attendu comme un petit messie. Quatre ans pour un rendu à la hauteur des attentes de cette autodidacte faussement indisciplinée, mais aussi faussement control freak. Léonie Pernet fait à sa manière et ne tolère aucun compromis avec son indépendance.

Ce disque, la Parisienne l’a voulu non seulement ouvragé, mais politique et mélangé – le moins qu’on attendait de cette petite-fille de feu du Pulp et de Kill The DJ, instigatrice des soirées queer Corps Vs Machine (sensibles aux causes palestinienne et LGBTQ). Batteuse, pianiste, arrangeuse, chanteuse à la tessiture en grand écart, Léonie est un kaléidoscope. Définir sa musique serait vain, ni pop, ni classique, ni electro, ni chanson. Tout ça à la fois et surtout un shoot d’émotion, une course effrénée dans les grands espaces de notre imaginaire.