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Indigènes

Indi(e)scovery

Publié le 01/06/2018

Dis-moi ce que tu écoutes, je te dirai où tu es ! Vous connaissez les blind-tests, ces écoutes à l’aveugle où l’on doit reconnaître un titre de chanson, ou le nom de son interprète ? On vous propose de changer un peu les règles du jeu en devinant de quels pays viennent les prochains groupes indé que vous entendrez. À l’ère du grand mix mondial, les pistes sont un peu brouillées mais les indices restent audibles ! Alors voyage, voyage, plus loin que la nuit et le jour...

LES VOYAGES IMMOBILES

Dans l’univers du rock indépendant, on trouve une multitude de galaxies : rock industriel, noise rock, grunge, punk, math rock, métal alternatif, post-rock, new wave... Chacune a ses sons, ses codes et ses couleurs, mais on ne peut bien sûr pas réduire les artistes et les auditeurs à leurs genres ! À l’origine, il y a l’environnement dans lequel on évolue, et qui nous porte à jouer ou écouter telle ou telle musique : selon qu’on est bercé par les batucadas du Brésil ou les cornemuses d’Écosse, on n’a pas la même oreille... C’est ainsi que le blues du bayou nous téléporte instantanément en Lousiane, et celui de The Legendary Tigerman, au Portugal ! Imaginez un peu une planisphère magique : il suffirait de coller son oreille sur un point du globe pour écouter ce qu’on y passe. Ça existe ! Ça s’appelle Internet (nous vous conseillons cette excellente plateforme : http://radiooooo.com), ça s’appelle un disquaire, ça s’appelle une salle de concerts : de quoi s’offrir quantité de "voyages immobiles", et se faire un joli tour du monde en 80 tubes ! D'ailleurs, pour la Nouvelle-Zélande, on choisit le dernier single rock funk d’Unknown Mortal Orchestra : et vous, pour l’Afrique du Sud, vous choisiriez quel hymne indé ?

 

 

DES ITINÉRAIRES BIS

Tous les grands voyageurs vous le diront : le meilleur moyen de découvrir un endroit, c’est de s’y perdre ! Puis ils vous conseilleront d’éviter les grands axes et les circuits tracés d’avance, pour préférer bifurquer sur des itinéraires bis. En matière de musique, c’est pareil : on peut choisir de (re)visiter les grands classiques du patrimoine, ou bien de s’aventurer dans les courants alternatifs de la scène underground. Vous commencez à nous connaître, nous aimons sortir des sentiers battus : pour découvrir un pays, quels meilleurs guides audio que ses indi[e]gènes ? D’un jour à l’autre, on peut être transporté dans une Colombie méconnue par le cumbia psyche de Los Pirañas, puis en Tunisie, sans touriste, via les expérimentations d’Ammar808 & The Maghreb United, ou encore aux USA, loin des motels, dans le garage de Mattiel. Et pas besoin de passeport, car « la musique n’a pas de frontières » !

 

 

J’IRAI OÙ TU JOUERAS (MON PAYS SERA TOI)

Dans les années gonzo, ce courant de la presse rock qui mettait les journalistes dans les camions des artistes et les embarquait en tournée, la musique a été racontée comme un voyage. Puis est venue l’ère des groupies, invitées elles aussi à faire la route avec les musiciens. Certaines devinrent même de véritables points d’attache. Mais depuis qu’il est devenu si facile de prendre l’avion, un nouveau phénomène est apparu : celui des fans qui voyagent pour suivre leurs groupes préférés sur les scènes du monde entier. Ils sont nombreux ! On en connaît même qui consacrent tous leurs congés à ces drôles de périples, dont la destination importe finalement peu, du moment qu’ils y voient leurs idoles. On ira où tu voudras quand tu joueras (et on s’aimera encore lorsque le rock sera mort) !

Mise aux poings avec Bagarre

Publié le 22/05/2018

Vous n'avez pas pu passer à coté de la sortie de leur premier album Club 12345 ! Les enfants terribles de la scène française font beaucoup parler d'eux ces derniers temps et ça tombe bien, puisqu'après leur passage très remarqué à Nantes pour Scopitone, Bagarre revient vous retourner le cerveau le 02 juin pour le festival Indigènes ! Ca mérite bien une mise au point musclée non ?

 

Récemment vous avez annoncé un Olympia OKLM, racontez-nous ?

La Bête : Oui on l’a lancé juste après notre concert à La Cigale avec l’idée de faire plus, toujours plus !

Emmaï Dee : Le concert à La Cigale c’était une expérience assez incroyable et comme ça a été complet très vite, on s’est dit « Allons-y pour faire plus gros dans un an ! » 


Bagarre c’est des coups de pieds rock, des coups de poings techno, des coups de tête hip-hop. dans cette mosaïque de styles, quels artistes vous inspirent ?

La Bête : Kurt Cobain de ouf ! On s’inspire beaucoup de l’énergie qui se trouve aussi bien dans le hip-hop, que dans le rock ou dans le baile funk.
Plus généralement on s’inspire aussi bien de l’énergie que l’on retrouve dans un style de musique que dans les musiques en elles-mêmes.

 

 

Mourir au club c’est un peu le Mourir sur scène de Dalida pour la génération post-2000 ?

La Bête : Carrément ! Oui c’est ça on veut pas mourir seuls, on veut être avec les autres !

 

 


Indigènes met à l’honneur l'indé de tous horizons. Quelles belles découvertes indie étrangères avez-vous fait dernièrement, du côté d’Honolulu ou d’ailleurs ?

Emmaï Dee : Pour l’album on s’est inspiré de plein de musiques différentes. C’est des musiques que t’écoutes sur internet, sur Soundcloud, sur Spotify… et qui proviennent des 4 coins du monde. Le baile funk qui vient du Brésil nous inspire beaucoup, notamment sur Diamant.

La Bête : On écoute pas mal de dancehall de Jamaïque aussi.
On pourrait dire que Soundcloud est notre territoire d’inspiration, mélange de tous les styles et toutes les influences. Y’a plus vraiment de frontières avec Internet !

 

 

 

En parlant d’horizons lointains, dans quelles contrées aimeriez-vous tourner ?

La Bête : On aimerait bien se dématérialiser et faire des concerts dans Internet !
Et plus sérieusement on a toujours rêvé de faire une tournée au Maghreb. Ça serait un kiff !

 

Vous êtes présents dans pas mal de festivals, avec quels artistes êtes-vous contents de partager l’affiche ?

La Bête : On tourne pas mal avec Voyou, qui est dans notre label aussi et avec qui on s’entend hyper bien. Avec Roméo Elvis aussi ça fait plaisir.

  

 

On parle de Voyou justement, qui est nantais. Qu’est-ce que la scène nantaise et ses artistes vous inspirent ?

Emmaï Dee : A chaque fois qu’on est venus à Nantes c’était la grosse fête alors on se dit qu'il doit y avoir quelque chose de particulier dans cette ville !

 

Nantes justement, où vous étiez programmés à Scopitone il y a deux ans. Vous êtes contents de revenir ?

La Bête : Grave ! En plus je crois qu’on est assez attendus, les gens nous agressent limite sur les réseaux sociaux pour connaitre nos dates nantaises avant que ce soit annoncé. On a intérêt à être bons sinon je pense qu’on va se faire défoncer !

 

The Legendary Tigerman sort les griffes pour Indigènes

Publié le 16/05/2018

L'homme-tigre légendaire, adepte d’un blues moite et fauve, a le rock'n'roll dans le sang. Attendez-vous à un road trip initiatique sous une chaleur torride, secoué par les pulsations d’un saxo virtuose sur la scène du festival Indigènes le 1er juin ! En attendant, la bête de scène rode sur les routes de sa tournée française, et nous livre ses coups de coeur et ses inspirations. 

Pour faire rugir le rock'n roll comme tu sais si bien le faire, où puises-tu l’inspiration ?

Je suppose que tout m'inspire, c'est cool d'être toujours prêt à être surpris par une chanson ou un riff... Mais aussi de chercher l'inspiration, de jouer de la guitare tous les jours, d'essayer d'écrire tous les jours. Voir beaucoup de concerts, de films, d'art, pour toujours essayer de regarder en dehors de soi... C'est très important.
 

Tu es en pleine tournée française, quel rapport entretiens-tu avec le public français ?

J'adore jouer en France, je fais des tournées en France depuis de nombreuses années et j'ai toujours pensé que le public français Rock'n'Roll était génial. Vous voyez tous les âges, des gens qui savent ce qu'ils écoutent et sont prêts pour le ROCK & ROLL !!!!
 

Tu as choisi de travailler ton album avec Johnny Hostile, avec quel autre artiste français aimerais-tu collaborer ?

Il y a beaucoup de choses que j'aime, The Dø, La Femme, Hifiklub, Clara Luciani... 
Mais pour moi, c'était vraiment important de faire mixer Misfit par Johnny Hostile. Il a cette toute nouvelle approche du rock'n'roll dont j'avais besoin. C'était également génial d'enregistrer l'album dans le Joshua Tree Desert, au Rancho de La Luna. Dave Catching est lui aussi une vraie inspiration.

  

   

Johnny Hostile, The Dø, La Femme, Hifiklub

 

Tu fais partie de la scène rock indie portugaise que le festival Indigènes a choisi de mettre à l’honneur. Si tu devais nous faire découvrir 3 projets de cette scène locale qui t’inspirent, ce serait lesquels ?

Je choisirais Keep Razors Sharp, Sean Riley, The Mighty Sands.
 

D’autres projets internationaux qui tournent en ce moment dans tes oreilles quand tu es sur la route ?

J’écoute le dernier album de Josh T. Pearson record and Black Rebel Motorcycle Club, Nick Cave, The Poppers, Suicide, P.J. Harvey, Savages.

 

LES DESSOUS DE L'INDIE

Publié le 03/05/2018

Tout fan de musiques indépendantes le sait : le quotidien de ses groupes favoris n’est pas toujours facile. Parfois ils répètent dans des locaux pourris, souvent ils dorment dans des hôtels premier prix, régulièrement ils se cassent le dos en transportant le merchandising, de temps à autres ils se font voler tout leur matos (sans assurance, de préférence)… Mais ils partagent cette aventure avec des passionnés qui leur permettent de sortir des disques et faire des concerts : le rock indé est une constellation de familles d’adoption.

CHAUD, CHAUD BUSINESS-SHOW

À l’heure où, malgré la renaissance du vinyle, les ventes en streaming dépassent les ventes de disques et où les plateformes encaissent la plupart des bénéfices, monter une petite maison de disques paraît à une entreprise perdue d’avance. Pourtant, il s’en crée plein. Alors, comment gagner de l’argent quand on est un label indépendant ? « Pas en vendant de la musique : on a d'autres activités à côté qui nous permettent de perdre de l'argent sur le label. On travaille main dans la main avec les tourneurs et les organisateurs de concert, mais ce n'est pas un business pour nous. On a des studios d'enregistrement, on produit des bandes-son pour nos clients dans la publicité ou le cinéma. » La réponse de Benoît Trégouet, du label Entreprise (Voyou), est représentative de ce que font aujourd’hui la plupart des labels indé pour générer des revenus : chercher ailleurs. Publicité, séries, cinéma sont les mannes du moment. Demain, c’est sans doute l’industrie des jeux-vidéo qui financera les artistes, et on peut s’attendre à découvrir d’autres circuits de diffusion et de monétisation de la musique. Pour l’instant, s’appuyer sur un fort réseau de distribution est un bon compromis pour les musiques alternatives : c’est ainsi que la division A+LSO de la major Sony est un refuge pour des artistes comme Bagarre et des labels comme Entreprise, No Format, FVTVR Records, etc.


Bagarre
 

J’AURAIS VOULU ÊTRE MAINSTREAM

Personne n’a dit que pour garantir son indépendance, il fallait être pauvre et méconnu : c’est sans doute un passage obligé, mais peut-être pas une fatalité. Si les fans les plus hardcore auront toujours tendance à regretter que leurs groupes passent de l’underground à la notoriété, la frontière entre indie et mainstream n'a plus cours chez les plus jeunes. L’espoir est-il permis ? Interrogé dans la série d’interviews "vis ma vie de label indé" de Brain-Magazine, Franck Annese, patron du label Vietnam (et du groupe de médias So Press), répondait, décomplexé : « L’underground est cet espace où les choses se putain de passent, comme dirait le Roi Heenok (...) Mainstream n’est pas un gros mot pour nous. Et j’aimerais, oui, que le monde entier raffole de nos disques : ça voudrait dire que ledit monde ferait preuve de curiosité et d’exigence, une sorte de quête du Graal. Je ne sais pas si cela arrivera un jour. J’ai un vilain doute… ».

 
Franck Annese                                                                                                                                        Voyou

STAYING ALIVE ?

Dans la dernière décennie, le live est devenu le nerf de la guerre pour les musiciens indépendants : pas de mauvais esprit, ce n’est pas forcément pour devenir intermittent ! De toute façon, ce dispositif d’état ne soutient que les artistes français, qui sont l’exception confirmant la règle de l’indie mondial. Partout ailleurs dans le monde, règne le démerde-yourself en matière d’argent. Si les tournées sont fondamentales pour les groupes indie de nos jours, c’est parce que les tourneurs sont devenus les premiers soutiens de ces talents à part : ils les découvrent et les font progresser. Exemple typique, le groupe bordelais Pendentif n’aurait jamais signé chez PIAS (Le Label) si son tourneur 3C n’avait parié dessus et persévéré, avant de convaincre le label… Et comme le résumaient les Concrete Knives au début de leur carrière, il faut grandir scène après scène : « Première date à Paris, c’est la classe, t’es le seul groupe de ton bled à avoir joué à Paris ! Et au final, une fois que tu l’as fait, c’est con mais tu as envie de continuer à aller voir ailleurs (...) Mais c’est comme tout dans la vie, quand tu as envie de faire un truc, c’est toujours mieux la première fois. Après tu te rends compte que c’est facile, au final : il suffit juste de se lancer ! »

 

hey, ho, let indie go !

Publié le 12/04/2018

En 1956, quand le rock est né, il était indépendant par nature : les premiers enregistrements d’Elvis Presley furent diffusés par une petite maison de disques de Memphis. Mais le rock mit moins de dix ans à se démocratiser, pour devenir une industrie dans le courant des 60’s. Face à l’avènement mondial de la pop au cours des décennies suivantes, de nouveaux genres musicaux allaient émerger, avant d’être classés en "rock indépendant", "musique indé (indie music)" ou encore "musiques alternatives" par une machinerie marketing qui étiquette tout ce qu’elle peut.

 

MAMAN, C’EST QUOI LE ROCK INDÉÉÉ ?

Alors vois-tu, au début, il y avait la musique. Puis, il y a eu l’argent. Il y a donc eu ceux qui voulaient gagner de l’argent avec la musique. On a appelé ça l’industrialisation : l’idée était de vendre chaque titre au plus grand nombre, et pour ce faire, les chansons étaient aussi faciles à retenir que possible. On parle alors de musique mainstream (dans le courant principal). Et puis, quitte à fabriquer et vendre des disques, l’industrie musicale a aussi investi dans des chaînes de télévision, de radios, etc. : pratique pour en faire la pub ! Sauf qu’il y a des artistes à qui ça ne plaisait pas trop, de devoir draguer large et sonner neutre, afin de plaire à tout le monde. Eux, ils voulaient juste faire leur musique, la jouer comme elle venait, sans la standardiser. Et certains publics avaient envie de l’écouter telle quelle. Alors ils se sont dit qu’ils allaient plutôt se débrouiller, et tout faire par eux-mêmes : en anglais, on dit Do It Yourself (DIY), c’est devenu le slogan d’un mode de vie, donnant l’impulsion pour la création d’autres réseaux, avec des disquaires indépendants, des salles de concert indépendantes, des magazines indépendants, et surtout, un public, qui se voulait aussi indépendant.

Nirvana par Renaud Monfourny   Elliot Smith par Renaud Monfourny     
Nirvana par Renaud Monfourny                  Elliot Smith par Renaud Monfourny

 

INDIE OR DIE

C’est la déferlante punk dans la fin des années 70 qui change vraiment la donne : dans une Angleterre en pleine ébullition créative et en pleine rébellion sociétale, il n’est plus question pour les artistes de se plier au circuit des maisons de disques institutionnelles (les majors). La technologie aidant, il est devenu plus facile pour les musiciens de s’équiper, et les mélomanes curieux s’aventurent volontiers dans les méandres de l’underground -qui finira aussi par émerger dans la culture populaire. Afin que les petites productions dépassent leur cadre local, il fallait de nouveaux réseaux de distribution, dont par exemple Rough Trade en Angleterre ou PIAS en Belgique allaient devenir les fers de lance, ouvrant la voie à des milliers de structures indépendantes. C’est ainsi que l’on a pu découvrir de nouveaux styles, expérimentaux, précurseurs, et les diffuser au-delà des niches musicales. Sans eux, pas de Joy Division ni encore moins de New Order (Factory), pas de Pixies ni d’Oasis (Creation), pas de Nirvana (Sub Pop)… Aujourd’hui, c’est sans doute dans le hip hop que l’on retrouve le plus l’esprit du DIY comme condition non-négociable de la création.

  

         

INDIE UN JOUR, INDIE TOUJOURS ?

Évidemment, les grands conglomérats du disque ont assimilé la tendance, en créant (surtout dans les années 1990 et 2000) des sous-divisions qui ressemblaient aux labels indépendants, et en récupérant des artistes qui en étaient issus, ou en reprenaient les codes, quitte à ce qu’ils ne  signifient plus rien. Le meilleur exemple à date est celui de Radiohead, signé en major, qui a fini de gommer la différence entre indie et mainstream en signant chez le tourneur monopolistique Live Nation (une société de production de spectacles et de tournées). Alors, si le rock n’est pas mort, le rock indé est-il plus vivant que jamais ? Si l’on ne peut plus prétendre qu’il soit florissant en termes économiques (dans un monde capitaliste et globalisé, c’est compliqué), on peut en revanche le défendre en tant que genre musical vivifiant, qui ne fait aucune concession dans les étapes de composition et de production. Dans le préambule de son Abécédaire de la Musique Alternative, le journaliste musical britannique Steve Taylor en pose une définition qui mérite réflexion : « On ne peut pas savoir ce qu’est la musique alternative sans savoir de quoi elle constitue l’alternative : et on ne peut pas savoir ce dont il s’agit tant que son alternative n’a pas émergé. » Alors, restons à l’affût !

 

 

J'ai testé : le festival Indigènes 2017

Publié le 02/06/2017

Quand on vous annonce Thee Oh Sees, Nursery, James Darle, Show Me The Body, Le Villejuif Underground, Tau, Témé Tan et Jacques (qui avait son matos cette fois !) pour ne citer qu’eux, l’ensemble gentiment réparti sur quatre soirs de festival dans un des lieux culturels emblématiques de Nantes, vous faites quoi ?...

Indigènes, l’expérience

Indigènes, clairement, ce n’est pas "juste" une succession de concerts comprenant son lot de têtes d'affiche. Indigènes, c’est la possibilité de découvrir les figures montantes de scènes musicales tellement variées que d’un soir à l’autre, au rythme du ballet millimétré des roadies, vous voilà propulsé dans une succession de loops musicaux (le petit enchaînement Témé Tan – James Darle du vendredi soir par exemple) propre à vous donner le tournis ! Vos oreilles bourdonnent, votre sens de l'équilibre prend la tangente, vos semelles collent et vous faites définitivement le deuil de vos huit heures de sommeil (en même temps, il n'est que 1h du matin, allons !). Mais demain, à la machine à café, vous aurez le sourire, car qu'est-ce que quelques heures de sommeil en moins face à de telles soirées ? 

 

Indigènes, la richesse

Micro / Maxi.  Selon la programmation, on change de salle. Il y a la grande et la petite, pas besoin de vous faire un dessin. Une salle dédiée par soir de festival, et un sans-faute sur toute la ligne. Le son est calibré au décibel, les plans de feux frôlent le génie et les quatre soirées s’enchaînent sans se ressembler. Seul le public varie, et pas franchement besoin d’être un fin observateur pour comprendre que chaque soir rassemble une famille différente. 

Aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est bel et bien le mercredi soir que les plus furieux étaient de sortie. En même temps, quand la soirée commence par Nursery et s’enchaîne avec un Julian Cashwan Pratt (chanteur de Show Me The Body) descendant dans la foule pour donner une leçon de bonne conduite façon scène underground, ça remet définitivement en cause le fameux mercredi-c’est-le-jour-des-enfants.

On avance dans la semaine et on continue à faire de belles découvertes. Encore une fois, la variété des artistes est aussi riche qu’inattendue. Imaginez l’enchaînement Gaye Su Akyol – Tau – Thee Oh Sees, c’est comme une douce berceuse aux accents orientaux qui monte irrémédiablement en puissance pour terminer en pogo au rythme des deux batteries de Thee Oh Sees (damn, ces deux batteries, inoubliables !), et vous, impuissant, vous êtes juste bon à prendre une succession de claques gauche-droite-avant-arrière. C’est d’ailleurs sûrement ça qui vous fait balancer la tête dans tous les sens.

  
 

Difficile de parler de richesse sans s'arrêter sur le vendredi soir. Pour faire simple, on reprend le schéma de la veille, et on l’amplifie, solide. Tout commence tranquillement avec UTO, puis on grimpe en chaleur avec Basile Di Manski pour retrouver ensuite un soupçon d'apaisement avec Témé Tan (chapeau bas à lui d’ailleurs, et à son flegme lorsqu’il a disparu derrière une nuée de sauvageons à chasubles jaune fluo). Et puis ça dévisse. Vous entrez dans la troisième heure de concert, vous en êtes au troisième soir, autant dire que ça tire des talons à la nuque, et que vous accepteriez volontiers une chaise.

Mais James Darle va vous prouver le contraire. Bien décidé à vous faire oublier les premières lueurs de rhumatismes précoces, il vous remet d’aplomb en un tour de platine et vous sort un live ahurissant, petit bijou techno/électro qui vous replonge la tête dans les basses. Le réveil est fait.

Puis Jacques arrive. Le tant attendu. L’inimitable. Que dire, mis à part que la tension dans la salle est montée de plusieurs crans d’un coup ? Que toute la foule s’est amassée face à la scène, que tout le monde veut le voir, l’entendre, l’observer, malgré les 3 écrans qui affichent son mix en direct ?  Son dj set est évidemment complètement barré, il vous embarque dans son fameux vortex et vous flatte les tympans avec ses instruments venus d’ailleurs. Si vous êtes du genre à clamer de façon intempestive avoir fait le tour de la scène musicale actuelle, taisez-vous et écoutez Jacques.
 

Indigènes, la logistique

Eh ouais, l’envers du décor.

Au-delà de la qualité de la programmation et de l’ambiance ultra canon de Stereolux, le festival a cartonné pour une simple et bonne raison : il était bien ficelé. En détachant un peu le regard de la scène pour checker ce qui se passe pendant que tout le monde se trémousse, on aperçoit rapidement l’envergure organisationnelle que représente le festival. Le bar est blindé du début à la fin, la régie son et lumière pilote en direct les synchros pour chaque artiste, et la sécurité a les yeux partout pour être sûre qu’il ne vous arrive rien pendant que vous, les yeux, vous les avez fermés pour vous concentrer sur la musique.

Vous l’aurez compris, Indigènes c’est l’occasion nantaise annuelle d’offrir un marathon musical à votre corps et votre esprit. Alors lâchez tout et venez, de toute manière vous aurez les jours fériés pour récupérer.

 

 

Par Nicolas 

Revivez Indigènes !

Publié le 29/06/2016

Retour en son et en images sur cette 4ème édition ! Revisitez les contrées Indigènes de ce voyage musical à Nantes mettant en lumière des artistes de la scène indépendante, venus du monde entier.

Le teaser du festival

 

 

 

L'AFTERMOVIE - REALISÉ PAR KOALA LUMPUR

 

 


LES Papiers sonores DU FESTIVAL INDIGENES

the dizzy brains stereolux    Papiers sonores Stereolux    

Papooz Indigènes Stereolux     Grand blanc Indigènes    Juan Wauters Indigènes


L'affiche du festival réalisée par Marta Orzel

Affiche festival Indigènes

 

Interviews Euradionantes Festival Indigènes 2016

LES PODCASTS D'EURADIONANTES

Pégase
Har Mar Superstar

Yak
The Dizzy Brains

 

L'INTERVIEW DE JEAN-MICHEL DUPAS, Programmateur musique à Stereolux

A retrouver ici


France 3 PAYS DE LA LOIRE a interviewé LES LIMIÑANAS !

A retrouver ici

PLAYLIST FESTIVAL INDIGÈNES : VOYAGE MUSICAL DE LA SCÈNE INDÉPENDANTE

Publié le 12/05/2016

La playlist Indigènes c'est un avant-goût, un concentré, un préambule...de ce qui vous attend du mercredi 25 au samedi 28 mai ! Venez découvrir ces artistes et groupes de musiques indépendants avec ces titres qui vous raviront les oreilles pendant 1h41 min ! De la pop au rock garage ou encore de la cumbia à l'électro, le Festival Indigènes est une invitation au voyage et à l'éclectisme (18 groupes / 12 nationalités). 

 

 

 

 

Voir aussi

Retour sur le festival Indigènes 2015

Publié le 21/03/2016

Petit (énorme) retour sur la troisième édition du festival Indigènes avec pour la partie vidéo le collectif Quai Baco et pour le report Addict-Culture. Eh oui, quand on aime, on ne compte pas !

INDIGÈNES #DAY1

Jeudi soir : Nous revêtons notre tenue d’Indigènes et nous préparons à voyager à travers les contrées singulières des 4 groupes de la soirée : The Blondi’s Salvation, Kevin Morby, The Soft Moon et Fucked up. Les événements nantais étant nombreux, un petit passage préalable par le vernissage de l’exposition-événement Flamands et Hollandais au Château des Ducs de Bretagne s’imposait. Nous enfilons nos baskets pour courir à Stereolux, mais malgré nos efforts nous arrivons trop tard pour profiter de la prestation des nantais The Blondi’s Slavation Arghhhhh !

C’est dans une atmosphère « Velvetienne » que nous accueille l’ingénu Kevin Morby (dont Davcom vous parlait déjà ici à la sortie de son album) tout de blanc vêtu. Durant ces cinquante minutes d’une prestation fine et élégante au croisement de Bob Dylan, Léonard Cohen, Kurt Vile ou encore Lou Reed, le prolifique Kevin Morby captive les Indigènes nantais curieux de découvrir le phénomène. Pari réussi ! Le jeune américain de 27 ans a tout pour devenir un grand.                                                

                                                                                              

 

 

Petits verres pour se désenvoûter des limbes de Kevin Morby et zou direction The Soft Moon ! (chronique addict d’Ivlo ici) Les américains menés par le bestial Luis Vasquez n’y vont pas par quatre chemins – pas de progression ascensionnelle – le public est électrisé par leurs rythmiques binaires obsédantes ! Une tension sexuelle émane de ce corps en transe, et oui, nous ne sommes que des femmes nous rendons les armes : ENCORE !

                                                   

 

Nos oreilles, par contre, ont vite fait grève pour Fucked Up… avouons-le, leur punk rock dévastateur nous a dirigé vers la sortie de la salle Micro.

INDIGÈNES #DAY2

Notre soirée débute en salle maxi avec les pluri-ethniques Cristobal & the Sea (GB/PORTUGAL/ESP/FR), nouvellement signés chez City Slang. Une Bossa Nova novatrice et fédératrice qui laisse planer un réel sentiment de communion dans la salle maxi de Stereolux.

 

 

En salle micro les cinq guys d’Acid Baby Jesus au look improbable, biberonnés aux Doors, les psychotropes ne sont pas loin, la transe non plus. Après le rock expérimental de The Callas l’année dernière, les Grecs seront probablement les porteurs d’un nouveau rock psyché addictif.

 

 

Nous repassons en salle maxi avec Jeanne Added qui est un peu l’enfant chérie d’Addict Culture tant on la suit depuis longtemps, toujours enthousiaste à chacune de ses nouvelles chansons et prestations scéniques. Cette fois-ci encore, elle nous charme et nous envoûte, sa prestation sera notre coup de cœur de ce Day 2.

Pour ceux, les malheureux, qui n’auraient pas encore eu le plaisir d’avoir fait déjà sa connaissance, Jeanne Added s’est d’abord fait un nom dans le jazz avant de s’embarquer dans une aventure plus rock, avec l’aide de Dan Levy de The Dø. Après un premier EP sorti en février, son 1er album Be sensational sort cette semaine chez Naïve !!! Sur scène, Jeanne Added, joliment accompagnée de Narumi Hérisson aux synthés (Tristesse Contemporaine) et Anne Pacéo à la batterie, est une pile électrique, condensé de Björk et PJ Harvey. Quel chien !

 

 

C’est en suite à Zun Zun Egui, en salle micro, de s’emparer de la scène. Groupe de Bristol à la tête de 2 albums : Katang sorti en 2011 et un petit dernier Shackles’Gift paru en début de cette année. Groupe cosmopolite, le chanteur (Kushal Gaya) vient de l’Ile Maurice, le claviériste est japonais. Tout ça rejaillit sur leur musique, un joyeux bordel psychédélique dans la lignée d’Animal Collective, avec des couleurs world et no wave entrechoquant Gang Of Four et Fela Kuti. Zun Zun Egui signifie Rapide Rapide Bizarre en japonais, ça décrit parfaitement la musique de ces doux dingues.

 

Pour terminer cette soirée rien de mieux que Moon Duo (chroniqué par Davcom ici) Le couple Sanae Yamada et Ripley Johnson a eu la délicieuse idée de s’accoquiner avec le batteur canadien John Jeffrey pour supplanter les boîtes à rythmes et donner du relief à cette rencontre hypnotique, entre Suicide et Black Angels, en version plus minimale. Venus de San Francisco, la ville de tous les possibles, ils nous ensorcèlent avec leurs boucles magnétiques et psychédéliques : OUI tout est possible !

Nos chakras s’ouvrent à la nuit ***

INDIGÈNES #DAY3

La troisième soirée indigènes débute avec le duo magnétique de Joy Wellboy (Belgique). La dualité de Joy Adegoke et Wim Janssens s’impose par un jeu de voix séduisant. Les intonations suaves et légères de Joy (rappelant la magnifique Martina Topley Bird), la voix de velours de Wim (aux airs de Stuart Staples) se complètent à la perfection et forment une véritable symbiose avec le public. Ellen Allien les a détectés avant tout le monde, quel nez !

Après la pop suédoise de Simian Ghost c’est une plongée dans l’univers feutré de Black Yaya qui nous attend en salle micro. Black Yaya nous invite à nous poser, nous laisser submerger par l’intime. L’ex Herman Dune renait et c’est beau !

Laëtitia Shériff est la claque de cette troisième soirée. Elle et ses musiciens délivrent une prestation de haute voltige. Impressionnants de charisme, envoûtants : La grande classe ! Le rock indigène a trouvé une nouvelle ambassadrice à sa mesure (chronique de l’album par Mag Chinaski ici).

Le public totalement rassasié par la prestation de Laëtitia Shériff ne suit pas le mouvement pour assister au concert de l’explosive Alo Wala. Pep’s, smile and colors. Alo Wala percute et ne cessera de bousculer les indigènes festivaliers invétérés.

 

 

C’est sur cette note positive et ensoleillée que nous avons décidé de rester pour clôturer notre épopée.

Un grand merci à l’équipe de Stereolux pour sa programmation audacieuse et à tous les indigènes qui auront eu la curiosité de venir découvrir avec nous les petites merveilles que réserve la scène indépendante mondiale.

* Adèle, Pauline et Asae, les addict indigènes *

Merci à Beachboy, Davcom et Ivlo ^^

Les coups de cœur de ...

Publié le 18/03/2016

PAS DE NOUVEAUTES DANS LES ECOUTEURS, VOUS TOURNEZ EN ROND ? ON A DEMANDE A NOTRE PROGRAMMATEUR PREFERE, ALIAS JEAN-MI POUR LES INTIMES, DE NOUS FAIRE PARTAGER SES COUPS DE COEUR DU MOMENT ! BIEN EVIDEMENT RENDEZ-VOUS A INDIGENES POUR LE LIVE !

SIMIAN GHOST

"Entre Beach Boys et Broadcast, le trio suédois livre avec The Veil un merveilleux album de pop atmosphérique intemporelle. Déjà considéré comme l'un des disques de l'année par Libération, Télérama ou les Inrocks."

Samedi 30 Mai

 

JEANNE ADDED

"Il y a longtemps qu'on attendait une telle chanteuse en France. Entre Pj Harvey et Bowie au féminin, ses concerts laissent tout le monde par terre. Une future grande, on en est certain."

Vendredi 29 Mai

 

BLACK YAYA

"Projet solo de David Ivar, la moitié d'Herman Dune, il prouve encore une fois qu'il est l'un des rares songwriters capable d'écrire des classiques pop-folk avec un naturel désarmant. Du Herman Dune version west coast d'une grande classe."

Samedi 30 Mai

 

CRISTOBAL & THE SEA

"Ce groupe cosmopolite (GB/Port/Esp/Fr) est le nouvel espoir du label City Slang (Caribou, Arcade Fire, The Notwist). Leur pop tropicale et psyché est attendue comme l'une des plus excitante à venir."

Vendredi 29 Mai

 

MIKAL CRONIN

"Il est l'un des musiciens les plus proches de Ty Segall, sur scène comme sur disque. Et comme lui il sait écrire des classiques. Une noisy-pop totalement addictive qui nous rappelle le meilleur de Pavement ou Weezer."

Samedi 30 Mai