Logo Stereolux

Open Data et culture/tourisme : le champ des possibles

Retour sur l’atelier de design créatif organisé par Stereolux et LiberTIC le 22 novembre 2011.

Certaines données publiques de la ville de Nantes et de Nantes Métropole sont aujourd'hui disponibles sur le site data.nantes.fr. Parmi les premières données mises à disposition se trouvent les données culturelles et touristiques qui avaient été choisies en thème prioritaire d'ouverture afin de faciliter le développement de services touristiques pour Voyage à Nantes, le projet culturel de promotion de la destination "Nantes". Mais comment l'open data permettrait-il de développer cette offre ?

Stereolux et Libertic ont convié le 22 novembre 2011 des agents de l'administration, des associations et des entreprises du secteur culturel et touristique à un atelier participatif animé par l'agence Grrr pour tenter de répondre collaborativement à ces questions et développer des solutions mutualisées. Des suggestions d'amélioration de services culturels et touristiques seront ensuite proposées lors des différentes rencontres de production (barcamps et hackhatons) afin d'enrichir les services de la ville.

Cet article est une reproduction partielle d’une publication de Claire Gallon.
 

UN SCÉNARIO D’EXPÉRIENCE TOURISTIQUE ENRICHIE

Une expérience touristique enrichie pourrait donner le scenario suivant : 

Madame X se rend sur le site internet d'une ville ou office de tourisme. Elle accède facilement à un service de préparation de voyage pour réserver et payer directement en ligne ses visites, trajets et hébergements après les avoir choisis selon des critères personnalisés (date, budget, durée, accessibilité, etc). Le service résume sa réservation sous forme de plan qui mentionne les lieux incontournables, l'itinéraire, avec délais et coûts à chaque étape.

Une fois sur place, Madame X est tenue informée des évènements à proximité de sa localisation, soit via téléphone portable mis à disposition par l'office de tourisme soit via les écrans disponibles sur les lieux publics et touristiques. En cas d'averse annoncée, elle est ainsi alertée une heure au préalable et a le temps de modifier son programme de visite pour se diriger vers les zones touristiques couvertes.

Pour sa pause déjeuner, elle a la possibilité de demander aux internautes locaux des conseils pour trouver un lieu de restauration. 

Pour continuer sa visite, Madame X n'est pas obligée de télécharger les audioguides mis à disposition mais pourra préférer une visite guidée avec des experts locaux (citoyens, associations) sur des thématiques précises. Lors de ses visites, elle pourra être tenue informée des temps éventuels d'attente, commenter le tweethall du musée et profiter des rabais proposés par le lieu touristique situé à proximité. 

Une fois rentrée chez elle, Madame X pourra poster ses films et photographies sur le site de la ville et des différents musées visités. 

Bien qu'il n'existe pas de scenario optimal universel concernant une expérience touristique, la mise à disposition d'informations essentielles contribuerait au moins à améliorer l'offre sur le territoire en la rendant plus accessible et plus simple. Reste à convaincre les différentes parties prenantes (dont les acteurs culturels qui ne sont pas tenus d'ouvrir leurs données, ou les offices de tourisme qui ne sont pas considérées comme détentrices de données publiques) que l'accès à ces informations est bien essentiel pour la valorisation du territoire. 
 

LES CONCLUSIONS DE L’ATELIER

                                                      

Jacky Foucher (agence Grrr) avait esquissé quatre scenarios possibles d'usage thématique des données publiques pour créer des services innovants. Ces projets étaient présentés sous forme de coupures de presse illustrant un scenario possible sur Nantes en 2015. 

Voici les thèmes abordés : 
1. Préparation: quelles données et services pour mieux préparer sa visite ? 
2. Personnalisation: quelles données et services pour des visites thématiques ? 
3. Temps réel: quelles données temps réel pour améliorer la visite ? 
4. Données participatives: quelles données collecter de la part des usagers pour enrichir l'expérience ? 

Différents groupes se sont constitués autour de ces thématiques afin de répondre à trois questions : Ce futur proposé est-il désirable ? Comment y arriver ou le compléter? Avec quelles données ? 

La richesse des données croisées

Si l’accès aux heures d’ouvertures et aux tarifs des lieux culturels paraît fondamental dans l'expérience de visite d'une ville, les participants de l'atelier ont trouvé intéressant d’y joindre tout un ensemble de données complémentaires permettant de regrouper au sein d’une même interface idéale (allant au-delà de l’agenda culturel) l’ensemble des informations nécessaires à l’optimisation de son temps de visite. 

Un panel de services complémentaires

Un même ensemble de données peut amener à des formalisations allant de l’information ultra simplifiée et concentrée du type panneau à message variable jusqu’au site internet ultra-complet et interactif. Dans les scénarios présentés, ces deux types de formalisations ne se confrontent pas, ils se complètent selon le besoin de l’utilisateur : préparation en amont, réaction sur le moment face à l’imprévu, etc. 
 

Des données déjà accessibles pas ou peu considérées

Les forums, les tweets, les commentaires présents sur internet, en particulier lorsqu’ils le sont sur des sites lancés par la collectivité (ex : mavilledemain.fr, covoiturage.loire-atlantique.fr, etc) sont d’ores et déjà des données publiques. Le mouvement d’ouverture des données ne les prend vraisemblablement pas en compte, pourtant elles représentent potentiellement un complément « vivant » intéressant face à toutes les informations purement factuelles que la collectivité peut mettre à disposition. 

Ces données soulèvent des questions : quels critères ? Quelles clés de tri ? Commentaire positif/commentaire négatif ? Parallèlement, le simple intérêt de la mise valeur de la vie culturelle en mouvement est affirmé avec, par exemple, un projet constituant à publier (après modération) sur des « Agora Wall » les commentaires des visiteurs de lieux culturels, donnant ainsi une autre dimension à la parole citoyenne. Si cette parole reste hautement subjective, la possibilité de s’appuyer sur le nombre de commentaires pour simplement montrer une forme d’activité liée à un lieu peut amener de l’objectivité. 
 

La subjectivité

La question de la subjectivité revient souvent et si tout le monde s’accorde dans un premier temps à dire que les données fournies pas la collectivité se doivent d’être objectives et vérifiables, plusieurs (sinon tous les) projets défendent aussi l’intérêt, la complémentarité, d’informations plus subjectives apportées par l'usager et qui, si elles sont vérifiées, ont vocation à être reversées au «pot commun » de l’open data. 
 

L’expertise du citoyen

Les participants reconnaissent aussi que le citoyen, passionné d’un sujet, ou simple connaisseur de son quartier, peut avoir une expertise que les services doivent pouvoir prendre en compte, voire stimuler. La notion d’apport de données par le citoyen, y compris objectives, revient ainsi dans plusieurs projets. Concernant le domaine de la culture, cela peut ainsi donner lieu à l’enrichissement par les communautés d’intérêts que forment les internautes de bases de données pour lesquelles les professionnels peuvent se trouver en manque de temps ou même d’informations. 
 

Les besoins en termes de données

Les retours des participants nous ont permis de définir une liste des données attendues pour enrichir l'expérience touristique sur le territoire. 

Préparation 
• Bibliographie des ouvrages sur le territoire 
• Liste des évènements avec date, lieux, horaires, tarifs 
• Liste des lieux touristiques avec géolocalisation, horaires, tarifs 
• Temps de visite pour chaque zone/lieu touristique
• Liste des oeuvres au sein de chaque lieu touristique 
• Liste des guides de visite (téléchargements audio, livres) 
• Les numéros et lieux d'urgence (hopital, médecin, pharmacie) 
• Liste des hébergements (localisation, tarifs) 
• Liste des zones de stationnement (parkings, tarifs) 
• Liste des restaurants 
• Liste des transports (vélos en accès libre, tramway, bus, coûts et horaires) 
• Statistiques de fréquentation des lieux touristiques par jour 

Temps réel 
Avec les données en temps réel, l'idée est d'optimiser le temps de visite, de jouer sur les opportunités (ristourne, fréquentation), et d'adapter son séjour selon le contexte. 
• La météorologie 
• Le temps d'attente 
• La disponibilité dans les parkings 
• Les évènements ponctuels (on donne à manger aux pingouins dans le zoo!) 
• Etat de la circulation 
• Alertes locales (météo, catastrophe) 
• Informations de l'institution (tweet en temps réel) 
• Offres promotionnelles 

Thématiques 
• Les lieux gratuits 
• Les parcours pour personnes à mobilité réduite (liste des zones accessibles) 
• Les lieux à visiter quand il pleut (liste des lieux couverts) 
• Les visites par temporalité (liste des temps de visite) 
• Les lieux culinaires (restaurants, avis des consommateurs, thématiques) 
• Les lieux architecturaux (liste des monuments, dont insolites) 
• La liste des lieux incontournables 
• La visite verte (parcs et jardins, pistes cyclables, lieux à valeur écologique) 
• Les visites en famille (lieux avec garderie, accès poussettes, promotions) 
• Les visites romantiques (crowdsourcing des ambiances/émotions des lieux?) 
• Liste et contact des associations locales thématiques 

Contributions 
• Remontée de contenus (photographies, vidéos) 
• Remontée d'avis (notes, témoignages, commentaires) 
• Réponses des internautes pour renseigner un touriste 
• Remontée d'informations temps réel (délai d'attente, évènement) 

Comment s'organise la collecte de données enrichies et les contributions possibles des visiteurs ou acteurs partenaires ? Cela requiert un site en ligne qui serve de lieu ressource. Aussi, ce processus de données à enrichir questionne la position de l'institution mais au final lui redonne un rôle d'autorité et de médiateurqui semble souvent indispensable pour trier, modérer, vérifier et hiérarchiser ces retours.