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Open Data : enjeux et opportunités pour le secteur culturel

Publié le 21/03/2016

Stereolux et l'association Libertic ont convié le 15 novembre 2011 des acteurs de la culture du territoire nantais, des agents des collectivités locales et des producteurs de services à une rencontre sur les enjeux, les impacts et les opportunités de l’Open Data  pour le secteur culturel.

Le territoire nantais et ligérien est riche d’une dynamique impliquant à la fois acteurs privés, associatifs et publics autour de l’ouverture des données. Cette motivation collective se révèle être une grande force qui permettra de faire émerger de nouveaux services et projets, de nouvelles pratiques. 

Côté collectivités, la ville de Nantes, Nantes Métropole et le Conseil Général de Loire Atlantique sont aujourd'hui activement impliqués dans cette démarche ; le portail d’accès aux données publiques de Nantes, Nantes Métropole et leurs partenaires est d’ailleurs accessible ici depuis le 21 novembre (+ d’infos sur le projet nantais d’ouverture des données). L’association LiberTIC - qui a initié le mouvement à Nantes - et bien d’autres acteurs associatifs ou privés s’engagent aussi dans l’Open Data, en ouvrant leurs propres données et/ou participant à l’animation de la communauté et à l’émergence de projets. 

Le territoire nantais est par ailleurs connu et identifié comme un vivier culturel riche de nombreuses initiatives culture/tourisme. C’est donc en toute logique que ces deux axes font partie, comme l’environnement et la mobilité, des données que la Ville de Nantes et Nantes Métropole vont ouvrir en priorité. 

On a d’une part un territoire engagé sur la question de l’ouverture des données et de l’autre un grand dynamisme culturel. Il ne reste plus qu’à marier les deux ! Agendas culturels, parcours urbains, services touristiques, expositions virtuelles… tous ces projets pourront émerger à partir des données que voudront bien ouvrir les acteurs publics et privés : bases de données muséales et archives, événements culturels, bibliographies, horaires des transports en commun… Bien sûr, on sait que la culture est souvent considérée comme le parent pauvre de l’Open Data ; mais ce défi est fait pour notre territoire ! 

RAPPEL SUR LE PRINCIPE D’OUVERTURE DES DONNÉES : L’OPEN DATA, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Claire Gallon de l’association LiberTIC nous rappelle les grands principes de l’ouverture des données. 

De nombreuses structures, qu’il s’agisse d’organismes publics ou privés, possèdent des données qui pourraient être utiles à tous mais qui restent « fermées », c’est-à-dire non diffusées, inexploitables (question liée au format) ou non réutilisables (problématique de licence). 
 

Qu’est-ce qu’une donnée ouverte ?


Les données doivent être, d’une part, mises à disposition sur Internet et exploitables informatiquement ; d’autre part, réutilisables par tous (y compris à des fins commerciales pour les services publics). Il faut donc réunir les deux critères de format et licence. 
 

L’ouverture des données publiques


7 collectivités sont aujourd’hui impliquées dans l’Open Data en France, la première étant Rennes depuis 2010. Une loi sur le droit d’accès à l’information oblige la collectivité à mettre ces données à disposition, y compris à des fins commerciales. Les données personnelles ne sont bien sûr pas concernées. 

Pour une collectivité, s’engager dans une démarche d’ouverture des données implique :
- de moderniser les services publics en réorganisant la production et la gestion des données ; 
- d’ouvrir le dialogue avec ceux qui vont réutiliser les données ; or, aujourd’hui, 75% des collectivités présentes en ligne ne dialoguent pas avec leur public ; 
- de travailler avec les acteurs locaux (entreprises de développement web, utilisateurs des services produits…) pour créer un écosystème propice à l’innovation et travailler ensemble à l’amélioration des services du territoire : appels à projets, ateliers créatifs et animation de la communauté... 
 

Les avantages de l’ouverture des données


La mise à disposition de données permet de créer des services et de l’information, ce qui présente un potentiel de développement économique et de projets innovants. Pour les organismes qui mettent à disposition leurs données, c’est la garantie d’une visibilité et d’une diffusion optimales de leurs informations ; mais aussi une possibilité de voir émerger des services que les structures qui disposent de données n’auraient eu ni les moyens ni le temps de créer. Pour un territoire, c’est donc un potentiel d’innovation. 

A titre d’exemple, exemple, l’application Jaccede Mobile qui facilite le quotidien des personnes à mobilité réduite en affichant, par exemple, les lieux accessibles à proximité.

L’« EXCEPTION CULTURELLE »

Les acteurs culturels possèdent de nombreuses données, qui par ailleurs ont une grande valeur en termes de création de nouveaux services. Or, la loi de 1978 qui impose l’accessibilité de l’information publique pose le principe d’une exception pour les données issues de la culture, de l’enseignement et de la recherche. Le choix d’ouvrir ou non ses données revient donc à chaque institution culturelle publique dans la mesure où il n’existe pas d’obligation. Cette « exception culturelle » est une des raisons pour lesquelles la culture reste encore peu représentée dans le mouvement d’ouverture des données. Le portail qui recense les données publiques ouvertes en France, Data Publica, n’annonce que 11 jeux des données culturelles. 

D’importants acteurs culturels publics ont choisi de s’engager dans l’ouverture des données, quelques-uns en France (comme la BnF) et la plupart à l’international. Le Brooklyn Musem a par exemple libéré les données de l’ensemble de ses collections et propose même d’y accéder via une API (interface de programmation qui permet d’utiliser ces données dans des applications sur le web). 

Des exemples de projets et services culture/tourisme issus de données ouvertes :

- Service basé sur la fréquentation des lieux publics selon les jours de la semaine pour indiquer quel jour est le plus favorable ; 
- Calculateur d’itinéraire qui propose un trajet optimal en fonction des transports en commun et des horaires d’ouverture des lieux publics ; 
- Parcours urbain des œuvres artistiques présentes dans l’espace public d’une ville ; 
- Visite guidée en réalité augmentée des lieux liés au tournage d’un film ou à un réalisateur.

LE PROJET DATA.BNF.FR, OU L’EXEMPLE D’UNE INSTITUTION PUBLIQUE CULTURELLE QUI S’EST LANCÉE DANS L’OUVERTURE DES DONNÉES

Intervention de Romain Wenz, responsable du projet d’ouverture des données à la Bibliothèque nationale de France 

La Bibliothèque nationale de France a ouvert en juillet un nouveau site Internet http://data.bnf.fr/ qui regroupe sur des pages auteurs (http://data.bnf.fr/11890041/honore_de_balzac/ ) et œuvres  (http://data.bnf.fr/13614205/honore_de_balzac_le_bal_de_sceaux/ ) toutes les données provenant de ses différents catalogues ainsi que de sa bibliothèque numérique Gallica. Ces informations sont également automatiquement formatées pour être facilement lues par des machines (ce qui n’est pas visible pour l’internaute).

Cette démarche d’ouverture de leurs données leur permet (en complément de la numérisation de leurs archives) de diversifier leur public et d’augmenter la visibilité des contenus. 

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les formats, voici quelques explications issues du site : 
« Ces données sont modélisées, regroupées, enrichies par des traitements automatiques et publiées selon le langage du web sémantique, RDF. Le résultat est disponible sur ce site, selon plusieurs syntaxes de RDF : RDF-XML, RDF-N3, et RDF-NT. »

WIKIMÉDIA ET LA VALORISATION DES DONNÉES CULTURELLES OUVERTES DE LA VILLE DE TOULOUSE

Intervention de Pierre-Yves Mével et Benjamin Smith de Wikimédia France. 
Wikimédia France - Association pour le libre partage de la connaissance est une association à but non lucratif de droit français (loi 1901), dont le but est de soutenir en France la diffusion libre de la connaissance et notamment les projets hébergés par la Wikimedia Foundation comme l'encyclopédie Wikipédia, la médiathèqueWikimedia Commons, le dictionnaire Wiktionnaire et plusieurs autres projets liés à la connaissance. http://www.wikimedia.fr/pr%C3%A9sentation-de-wikimedia-france

La Ville de Toulouse a signé en septembre 2010 un accord avec Wikimédia pour autoriser la mise en ligne de photographies scientifiques d'objets du fonds paléolithique du Muséum d’Histoire naturelle de Toulouse. La Ville de Toulouse avait déjà entamé plus tôt une collaboration avec Wikimédia France par l’intermédiaire de l’Institut Picot de Lapeyrouse, pour numériser les collections du Muséum de Toulouse (projet Phoebus). Un partenariat avec les Archives de Toulouse vient compléter ce tableau : une partie du fonds Eugène Trutat (photographe dont les œuvres sont dans le domaine public) a été partagé sur Wikimedia Commons... 

Pour la Ville de Toulouse, le but de ce travail avec Wikimédia était double : 
- mieux valoriser les contenus conservés qui d’ailleurs sont souvent gardés hors de la vue du public à cause de leur fragilité ; 
- ouvrir ces contenus aux contributions du public, afin de favoriser la diffusion de l’information et d’enrichir les données de base (logique de crowdsourcing). 

En plus de ces avantages non négligeables, l’ouverture des données culturelles permet de corriger un certain nombre d’erreurs. Pierre-Yves Mével s’est appuyé sur l’exemple de la base de données du Ministère de la Culture, Mérimée, qui fournit la liste des monuments historiques français et pour laquelle des bénévoles de Wikipédia ont travaillé à produire une liste des erreurs. 

Enfin, l’intérêt d’un partenariat avec une structure comme Wikimédia réside dans sa communauté de contributeurs actifs, qu’une collectivité aurait du mal à recréer faute de temps et de moyens.

LE PROJET NANTAIS D’OUVERTURE DES DONNÉES
 

Frédéric Vasse, chargé de communication et de prospective auprès du Cabinet de JM Ayrault a présenté les caractéristiques et le calendrier du projet nantais de libération des données. 

La Ville de Nantes et la Métropole ont clairement exprimé leur intention d’ouvrir leurs données dans le but de favoriser l’émergence d’applications innovantes, d’améliorer les services aux habitants et de contribuer à une meilleure transparence des collectivités. Des partenariats sont d’ores et déjà engagés avec des acteurs du territoire comme LiberTIC afin de favoriser les croisements et l’appropriation de cette démarche. 

6 chantiers ont été ouverts depuis l’annonce de l’ouverture des données : quelles thématiques prioritaires (culture, tourisme, transport/mobilité et environnement), licence (licence odbl, qui permet à chacun d’exploiter publiquement, commercialement ou non, des bases de données), promotion, concertation, animation du site, innovation. 

La Ville de Nantes et Nantes Métropole ont lancé le 21 novembre leur site Internet d’entreposage de données. Il s’agit d’une v1, qui sera complétée en mars 2012 par de nouveaux jeux de données.

Quelles données culturelles disponibles sur le territoire ?

Quelques exemples des données culturelles qui sont ou seront ouvertes à Nantes : 

Horaires des équipements culturels, indicateurs des grands équipements culturels, liste des équipements publics culturels, tarifs des équipements culturels, tableaux de bord mensuels des équipements culturels et touristiques, catalogue des bibliothèques municipales et disponibilité des ouvrages. 

CONCRÈTEMENT, COMMENT S'IMPLIQUER ?

Le projet d’ouverture des données événementielles


Pour donner suite à la rencontre Open Data, opportunités pour le secteur culturel et aux remontées des besoins des acteurs, l'association Libertic et Stereolux convient tous les gestionnaires d'agendas, les créateurs et diffuseurs d'informations évènementielles à participer à un projet collaboratif d'agrégateur de données évènementielles ouvertes. 

Infos : http://www.stereolux.org/un-projet-douverture-des-donnees-evenementielles-a-nantes

L’atelier de design de services culture/tourisme

Stereolux et Libertic ont convié le 22 novembre dernier des agents de l'administration, des associations et des entreprises du secteur culturel et touristique à un atelier participatif animé par l'agence Grrr pour tenter de répondre collaborativement à ces questions et développer des solutions mutualisées. 

Infos: http://www.stereolux.org/open-data-et-culture/tourisme-le-champ-des-possibles