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Clermont & merveilles

Musique Publié le 22/03/2016

Trois de nos groupes nantais (Von Pariahs, Bantam Lyons et Lenparrot) vont s'en aller dans un Clermont qui détonne le 18 mars 2016. Tout cela dans le cadre d'un échange entre la Coopérative de Mai et Stereolux. Car les Clermontois font preuve d'une inventivité rare. Cette vitalité est incarnée par la Coopé. François Audigier, qui travaille à l'action culturelle, nous dresse un portrait des lieux. / Lyonel Sasso

             

Comme Nantes, Clermont a dû se réinventer. Trouver l'inspiration dans ses propres murs, son propre passé. La musique peut aussi bien se développer dans un ancien chantier naval que dans un bâtiment de l'entreprise Michelin. François Audigier est un passionné. Volcanique, son flot de paroles est sans limite. Surtout lorsqu'il faut raconter Clermont et l'aventure de la Coopérative de Mai : « À la base, le bâtiment qu'occupe la Coopé, c'était une coopérative, une sorte de supermarché pour les ouvriers.

Puis, au début des années 80, cela s'est ouvert au tout public. Ça semblait donc logique de prendre comme nom la Coopérative. C'est aussi un clin d'œil à nos collègues : à la Laiterie, par exemple, ou encore au Transbordeur. » Cet acte de naissance, François Audigier l'explique également par une volonté des pouvoirs publics : « L'histoire débute en 1995, lors du duel entre Roger Quilliot et Valéry Giscard d'Estaing. Roger Quilliot, sous la pression associative et sous celle de quelques membres du Parti Socialiste, va répondre à toute une partie de la jeunesse, en annonçant une salle de concerts à Clermont, prenant comme exemple le Transbordeur, à Lyon. » L'homme politique tiendra parole.

Une fois le complexe achevé, il a fallu baptiser une rue attenante. Pris de court, le délégué à la Jeunesse de l'époque et actuel maire de la ville, Olivier Bianchi, se décidera pour Serge Gainsbourg ! Depuis, nombre d'artistes ont repris au moins une chanson du grand Serge lors de leurs concerts. Les souvenirs d'une prestation épique d'Alain Bashung affluent forcément.

Ces anecdotes savoureuses (François Audigier en a mille à raconter) sont inscrites dans un panorama fort en émotions. Cet horizon est composé de volcans jamais véritablement endormis, d'un film de Rohmer, de lacs et de la gueule burinée de Jean-Louis Murat. Tout cela, forcément, inspire. « La nature est une grande inspiratrice ici, la scène folk a été fortement imprégnée. Murat y est pour beaucoup également. C'est vrai qu'en un quart d'heure, tu passes des volcans à une baignade dans un lac… » Finalement, pour François Audigier, Clermont ressemble à une île : l'Islande.

Et comme chez nos amis nordiques, la population multiplie les trouvailles et les créations. Un splendide terreau d'indépendance, même si des projets restent encore à accomplir. « Il nous manque encore des labels, des éditeurs et des relayeurs concernant la musique et sa diffusion. »

Décidément, à Clermont, l'imagination a pris le pouvoir.