PATRICK WATSON + Marie-Pierre Arthur

La reconnaissance internationale est venue avec The Great Escape, ritournelle triste chantée au piano et aux indiscutables vertus plastiques, capable de tirer des larmes à un mercenaire tchétchène – c'était en 2006. Depuis, le Québecois, escorté de ses Wooden Arms, poursuit son bonhomme de chemin, tout de douceur, de soyeuse mélancolie et d'étrangeté en demi-teintes.

À preuve son cinquième album,Love Songs for Robots, qui, s'il contient son lot de ballades crève-cœur, témoigne également de l'évolution, subtile et sensible, du groupe : le piano et autres instruments organiques font un peu de place (pas trop) aux machines – après tout, il s'agit de coller à la thématique de l'album –, machines qui, loin de plomber la délicate architecture sonore des compositions, ajoutent encore à la richesse narrative, entre longues plages cinématographiques (Patoche compose régulièrement des B.O. et a œuvré aux côtés de The Cinematic Orchestra) et complaintes intimistes et enjôleuses, au dépouillement folk.

L'homme au falsetto éploré possède décidément l'art et la manière de nous prendre par les sentiments – même les robots craquent...

Piste de lancement de ce chant qui dévale les mélodies : du power-folk-rock modulable, vallonné, acoustique, direct, souple et nerveux, décliné par des musiciens amis venus de Karkwa, Galaxie ou du groupe de Patrick Watson. Pour l’inspiration musicale, la québequoise cite John Lennon, George Harrison, la pop boisée des années 70. On pense aussi à l’allégresse en stéréo de Martha & The Vandellas, dancing in the street d’une petite ville, Motown et country. Marie-Pierre n’est pas une chanteuse de variété, mais ses album sont variés. Elle n’invente rien mais décale un peu tout. Surtout, Aux alentours renoue avec la glorieuse tradition des musiques à écouter en voiture : sans but précis, en zigzags et sans jamais passer la marche arrière.