Le Beau Label : InFiné

C'est pour sortir le premier album du compositeur et musicien luxembourgeois Francesco Tristano que Yannick Matray, Alexandre Cazac et Agoria (qui a depuis quitté l'aventure) créent InFiné en 2006. Choix (et coup de cœur) combien symbolique, qui définit parfaitement la ligne artistique d'un label aussi exigeant qu'enthousiaste et curieux. Techno, ambient, minimale mais également musique contemporaine : InFiné, qui aime l'expérimentation sonore et cultive le goût des atmosphères rêveuses et contemplatives, accueille des artistes aussi talentueux et recommandables que Rone, Apparat, Bruce Brubaker ou encore Aufgang et Danton Eeprom.

Son catalogue est une escapade permanente hors des sentiers (re)battus des musiques électroniques. Il témoigne également de l'hyper-rmodernité d'un label par ailleurs friand de pratiques innovantes, qui collabore avec l'IRCAM et est un précurseur de la diffusion de la musique en ligne. Il a également offert la première session musicale en réalité virtuelle.

« Easy music for the hard to please » : la devise d'InFiné lui sied décidément comme un gant.

C'est comme souvent une histoire de famille : son père est un joueur de oud très apprécié dans son pays (le Liban), son frère est la moitié du duo Aufgang, lui-même est passé par le Conservatoire avant de multiplier les collaborations, tous registres et disciplines confondus. Insatiable et hyperactif, Bachar Mar-Khalifé est aussi à son aise dans la musique contemporaine que dans l'electro, le hip-hop, le jazz, la chanson traditionnelle..., familier de l'ancien comme du moderne. La musique est ici une question de transmission, d'enjambement de frontières ; une passerelle entre les hommes, avec l'émotion et la sincérité comme seuls sésames – et en prime une créativité débordante, un chant vibrant, juste et nuancé, d'ardentes intuitions poétiques. En un mot : l'excellence.

Il est l'un des premiers artistes à avoir été signé chez InFiné : un coup de cœur qui s'est vite transmué en love story. La musique du Mexicain Cubenx (de son vrai nom Cesar Urbina) est à son image : ne tenant pas en place et à l'aise partout. Légère parce que la musique est un plaisir, sérieuse parce qu'il s'agit d'une recherche insatiable ; imprévisible et joueuse, qui s'amuse des codes en les triturant, des modes en les travestissant. Tout y passe : la techno, le shoegaze, le post-punk mais également la dreampop et une ambient aux teintes psychés, dans un déferlement paisible et hédoniste, désinvolte et touche-à-tout mais parfaitement cohérent. Elegiac, son deuxième LP, est en l'éclatante démonstration.

Les scènes anglaise et américaine le fascinent et orientent son travail : le son des raves des 90's, la techno de Détroit, la house de Chicago, les labels Warp et Border Community. Le DJ et producteur français (connu auparavant sous le nom de Gordon Shumway, sobriquet abandonné depuis pour cause de mésentente avec les autorités judiciaires de la planète Melmac – les plus anciens comprendront), a débuté comme stagiaire chez InFiné, a été soutenu par Rone quand il s'est mis à mixer, puis s'est retrouvé résident à La Machine du Moulin Rouge. Ses deux premiers EP, Bleu Merle et Cœlacanthe, offrent un parfait condensé du savoir-faire de Gordon, point d'orgue entre l'abrupte efficacité technoïde et les errances oniriques de la house. Alf likes this.