Hyphen Hyphen + Talisco + INÜIT

Il y a quelque chose de candidement ironique dans le titre de son premier album (Times ) : du temps, il en aura effectivement fallu au groupe niçois pour le bâtir, le peaufiner, composer avec les repentirs, les atermoiements, les trouvailles de dernière minute, les exercices répétés ad libitum – mais tout vient à point à qui sait attendre, comme dit la fable, après cinq années de concours, de concerts et de festivals en pagaille, au cours desquelles les deux filles / deux garçons acquièrent leur réputation de bêtes de scène et rodent leurs compos.

Aujourd'hui, le succès du quatuor est à l'aune de sa créativité et de sa fougue, et rien ne semble pouvoir contrarier son ascension ; son œcuménisme musical y est pour beaucoup, qui ignore les influences particulières (ne rien écrire qui fasse penser à quelque chose d'existant) et se concentre sur le plaisir, l'immédiateté de la sensation, l'universalisme d'une electro-pop à l'énergie contagieuse, chamarrée comme une salade niçoise.

Son nom évoque irrésistiblement le deep South des États-Unis, les grandes plaines désertes mangées par la poussière, les flaques de bitume brûlant sous un soleil implacable et vengeur – quelques notes sèches jouées à la Telecaster sur certains morceaux et l'on croirait presque que Clint « Blondin » Eastwood, avec son poncho mité et son éternel cigare aux lèvres, est revenu d'entre les morts pour flinguer à tout va.

N'a-t-on d'ailleurs pas prétendu que les compositions du Bordelais Jérôme Amandi ressemblaient fort à une western pop ? Terme sans doute restrictif, mais qui dit bien son goût des grands formats cinématographiques : une musique épique sans être grandiloquente, complexe sans être boursouflée, portée par une voix haut perchée, et qui aime à se réinventer sans cesse et à (se) raconter des histoires. Run, le premier album de Talisco, est une succession d'hymnes pop émaillés d'electro et d'americana, aux mélodies immédiatement accrocheuses, aux humeurs fugueuses, captant instinctivement l'air du temps.

Et donnant envie d'aller voir ailleurs, toujours.

Cette  formation  originale  (chant,  saxophone,  trombone,  batterie,  percussions et  claviers) décide de composer d’une seule voix : pas de leader, seule compte leur pop-tribale électrique. Les 6 nantais mêlent rythmiques dansantes et mélodies  accrocheuses nourris à la Radiohead, Foals ou encore Arcade Fire. Leurs compositions  franchissent  aisément les barrières traditionnelles de l’électro pour  glisser  peu à peu vers la techno instrumentale.

Qu’elle soit lascive ou plus emportée, leur musique trouve sa force dans son énergie magnétique et la fusion des genres et des instruments. Ils enregistrent actuellement leur premier EP prévu pour octobre 2016.