DFH DGB + L.O.A.S. & Slikk Team + Hyacinthe + IKAZ BOI

Des Faux Hipsters et Des Grosses Bites : le ton est donné. Le côté « faux hipster », c'est sans doute L.O.A.S. (rapport à la barbe), pour le reste c'est à la discrétion de chacun, dixit Hyacinthe, son alter ego. Vous l'aurez compris, le collectif parisien ne fait pas – ô surprise – dans l'euphémisme et la litote, plutôt dans la décharge virale, l'assaut rageur, la punchline kamikaze.

Créature tricéphale (les deux rappeurs susnommés et le producteur Krampf derrière les machines), DFH&DGB suscite rejet et adhésion à des degrés pareillement élevés, mais ne laisse personne indifférent, et surtout offre une échappée, pas complètement contrôlée et du coup parfaitement jouissive, hors du rap standardisé, propre et aseptisé. Mauvais goût assumé, obsessions diverses, violence et noirceur, expérimentations sonores lorgnant vers le banger trap et l'electro stridente : DFH&DGB pulvérise tout sur son passage.

Ce n'est pas franchement de la menthe à l'eau.

Plutôt un truc fort, très fort et âpre. Ce n'est pas non plus le genre de rap auquel on est habitué, aux contours nets et strictement codifiés, depuis longtemps dépossédé de ses aspects polémiques et subversifs. L.O.A.S., lui, ne s'embarrasse pas de telles considérations, obnubilé complètement par ses propres obsessions et compulsions, qu'il lâche dans un déferlement verbal vertigineux, aussi à son aise dans la provoc' que dans l'expression brute et frontale d'un mal-être chevillé au corps : déshérences nocturnes, défonce, amours impersonnelles...

Accompagné sur scène de son batteur Slikk Tim, rimes acerbes et rythmiques affûtées croisent le fer dans un dialogue unique et déjanté. Écouter L.O.A.S. c'est s'engager dans les méandres d'un cerveau malade, qui exorcise sa hargne en la crachant ; c'est également entrevoir le futur du rap, qui s'ouvre à la trap, à l'electro..., qui pratique le grand écart stylistique en s'affranchissant de cadres souvent désuets ou ressassés. N'en déplaise aux puristes.

Il y a, dans la nouvelle génération de rappeurs français surgis dans le sillon de Vald et de PNL, un esprit, une attitude qui ne sont pas sans rappeler celle du post-punk : la même révolte intériorisée, la même violence retournée contre soi faute de combats à mener, la même conscience aiguë de l'échec, de l'impasse, du désabusement, une rage impuissante qu'on en finit plus de recracher. Mais avec, dans le cas présent, un niveau de déconnade et de dérision assez élevé pour tout faire oublier ; avec une nonchalance (feinte ou non) qui au moins aide à faire passer la pilule.

En termes de rap trash, vaseux et halluciné (des thèmes sur la drogue et le foutre), Hyacinthe n'y va pas avec le dos de la cuillère et jubile manifestement dans l'outrance et la noirceur, l’ego trip déviant, toujours sur le point de partir en vrille. Ni compromis, ni demi-mesure : la guerre est totale, il n'y aura pas de prisonniers, le feu détruira tout, du sel recouvrira la terre pour que rien ne repousse, les hommes pleureront des larmes de sang.
Puis un nouveau jour naîtra, et tout recommencera.

Sorti de l’ombre avec le single de Joke  « On est Sur Les Nerfs » (qu’il a produit), Ikaz Boi est un artiste  prolifique. Le jeune Nantais produit entre autre pour Vic Mensa, Mick Jenkins, Smoke DZA et toute la fine fleur de la nouvelle scène rap et se fait un nom en France, mais aussi en Angleterre ou aux Etats-Unis. Evoluant régulièrement au sein de la team JayFly Muzziq, son éclectisme, sa singularité et son travail sont de plus en plus reconnus.

Aujourd’hui, Ikaz a des influences des plus variées, il aime tout autant le Rap Us, le R&B que l’électro, et décrit son style comme de la Ketamine Trap. Transcendant les frontières musicales, bien dans ses pompes, Ikaz Boi avance la tête froide et est toujours là où on ne l’attend pas