Une fleur punk entre les lèvres noires, une définition qui sied à merveille à ces joyeux drilles d’Atlanta. Maintenant presque vétérans (20 ans tout de même!) d’un garage punk intemporel, sale, bordélique et exubérant, ils ont su garder la fraîcheur qui leur donne une crédibilité jamais démentie.
THE BLACK LIPS (US)
Les chanteurs se divisent en deux catégories : il y a ceux qui se couchent tôt, se brossent les dents trois fois par jour, font leur jogging dominical, signent des pétitions et chantent des lendemains meilleurs ; et puis il y a ceux qui ne font rien de tout ça, picolent, provoquent et se foutent à poil parce qu'ils savent qu'ils chantent sur les ruines d'un monde qui n'a rien, ou si peu, à offrir de bon – ceux à qui, parfois, il manque des dents. Jared Swilley et Cole Alexander sont de ceux-là, qui depuis maintenant vingt ans, avec leurs Black Lips, mènent un train d'enfer, enregistrent des albums de garage rock dézingué (eux disent « flower punk ») et vivent leurs concerts comme des apocalypses miniatures. Sauf que ce coup-ci, ils ont décidé, avec Sing In A World That's Falling Apart, de faire dans la country – à leur façon, s'entend, c'est-à-dire une country de honky tonk, ni hommage ni pastiche ; une country un peu jobarde, un peu bouffonne, qui sent le retour d'acide et la gueule de bois, mais tient miraculeusement bien sur ses jambes cagneuses. Avec panache, même.
